ENCORE
Quand il n’y a pas de maille, il faut de la ferraille.
Et des idées et un poste à souder.
Et c’est papa qui soude parce que lorsque je soude, ça ressemble plus à une sorte de terrine artisanale de ferraille.
Oui parce que je suis encore et toujours dans mes projets de plantation de l’extrême. Sur les pentes que mes parents avaient il y a de ça bien longtemps. Et comme j’ai pas la tune de tout faire faire, il faut que je trouve des solutions. C’est pas ta mère qui paye les prestataires . Donc on a ressorti les charrues et autres objets de travail du sol, de mon grand père. Je sais que papa va bien nous tuner ça à l’ancienne. Une sorte de PIMP MY RIDE version beaujolaise.
Heureusement d’ailleurs que j’ai du vieux matériel, quelques amis ferrailleurs ou malins de la recup’ sinon ce serait dead. C’est en discutant que je me rends compte que beaucoup d’anciens faisaient comme ça, c’est à dire comme ils pouvaient. Je parle de vieux matos, mais c’est en train de changer. Tout doucement mais ça change. Chaque génération amène son nouveau matos.
Ici je n’ai personne à impressionner au fin fond de mes bois abandonnés. Pas de Bling Bling, rien qui ne brille.. Avant confinement, j’ai ouï dire que j’étais un gros con d’aller planter là haut. Et que ça ne valait pas la peine de s’emmerder autant la vie de planter de la vigne. Que ça ne marchera jamais… Mais à ces gens, je n’ai demandé; ni argent, ni de coup de main, ni de conseils. Je repense aux photographes professionnels qui se farcissent les conseils de branquignoles qui viennent de s’acheter un 24×36 et qui tournent en automatique ( les vrais savent de quoi je parle), ou encore tous les graphistes indépendants qui entendent à longueur de journée que les devis sont trop chers, et que leur nièce a craqué photoshop et qu’elle peut le faire gratuitement. Et surtout que leur nièce a beaucoup de talent. (La nièce des gens, pas la nièce du graphiste, vous avez saisi.)
Bref je ne sais pas si vous me suivez sur le concept. Même quand tu ne demandes rien, certains ne peuvent s’empêcher de décourager ou donner des faux conseils. Et comme dirait Jason, s’ils veulent voir Montmartre, ils savent qu’ils peuvent monter sur ma b***.
Comme sur mes vins quand je prends des leçons de vinif. Dans ma tête ça décroche, et je n’y peux rien je n’écoute plus. J’ai un mec qui fait des wheelings en YZ sur le périphérique dans le crâne. J’y peux rien… c’est du cross bitume et une instru de 113.
Bon tout ça pour dire qu’il faut tracer sa route et mettre du son dans le casque.
Pour en revenir à la charrue, je trouvais ça drôle que nos 3 générations soient réunies grâce à une idée saugrenue de replanter une pente en Beaujolais Villages. Au caveau j’ai une photo de mon grand père avec son cheval. J’ai pris une photo de mon père qui soude la charrue du grand père. Je ne sais pas encore bien souder, mais ça viendra. Je ne savais pas marcher quand je suis né donc ça devrait aller. Quand le corps souffre l’esprit s’élève. Et pour me donner de la force, je repense à Schamma fils d’Agué, Harar, à son épée et aux lentilles.
Les lentilles c’est plein de fer.
LA RENTREE
Une fois à la rentrée de BEP je m’étais fait quelques amis. Et à l’époque on mélangeait pas les crus et les beaujolais, tu connais. Et le père d’un ami a voulu nous emmener, et j’avais dit oui. Pour être avec les potes.
Et papa a cru que j’avais honte de la voiture et que c’est pour ça que je voulais pas qu’il m’emmène.
J’ai jamais eu honte de nos voitures.
Comme j’ai jamais confondu les grands terroirs et les terrains vagues. Même si j’ai pas toujours montré une belle image et j’ai perdu du temps à faire l’inverse de ce qu’on attendait de moi, je sais de quoi on parle. Je voulais faire Hypocagne parce que j’avais pas d’idées, mais il aurait fallu que je finisse les livres qu’on m’avait demandait de lire. Ils sont dans un carton.
Mes souvenirs sont dans mes cartons. Comme vous je pense.
On m’a demandé si je ressuscitais la parcelle des parents. Mais je ne ressuscite rien. C’est le Christ qui ressuscite. (Joyeuses Packs en retard) Moi j’ouvre juste le carton de souvenir du terroir. Je réveille les vieux démons. Que le pendule s’affole dans le sens des aiguilles d’une montre. Je n’ai pas le même regard comme après le Ram Muay. Je n’ai jamais eu honte de la voiture, ni de rien qui vient des parents. J’ai juste honte de mon ignorance, et des fois de mon orgueil. Le temps ne s’achète pas. J’arrive dans les arrêts de jeu de ma vie de trentenaire. Je radote et je parle souvent des mêmes trucs.
Je parle de Beaujolais, de grands terroirs.
Pas de terrain vague.
Le sablier est sur la table.
Et mon tablier commence tout juste à être sale.