Deux 1 Zéro 9
Les vendanges sont terminées.
Merci à toutes merci à tous.
Je vous ai épargné plein de photos.
J’en ai trop vu sur mes fils d’actualités de mes divers réseaux sociaux inutiles. Entre les grappes, les pieds de cuve, les pieds dans la cuve, les cuves dans les pieds, wesh même celles que j’ai mises elles m’ont déjà soulé. Mon cerveau est un entonnoir, là j’ai trop de matière. Je ne sais même pas ce que je dois écrire. On a fait du mieux qu’on a pu, on a tout donné. Du coup vous verrez bien dans le verre ce que ça donne. Rendez-vous dans quelques mois. Faire du vin c’est bien mais il faut le vendre alors on s’organise pour faire un voyage express à la RAW WINE sur Montréal et New York la semaine prochaine. Ca va être en mode Timing Super Mario mais on va le faire. Certains disent « Est-ce que ça vaut le coup d’aller aux USA avec les nouvelles taxes? » Je n’en sais rien. Demandez à vos mères si ça vaut le coup. Je restructure mes vignes en pente aussi, je vais replanter. Là encore certains se demandent si ça vaut le coup. Mais là encore, j’aurai la même réponse vous vous en doutez. D’ailleurs en parlant de doute, je me vois comme un gros poulet fourré au doute. Je n’ai aucune réponse certaine à toutes vos questions. Par contre Y’a Rico qu’est mort pour les vendanges. Et ça me fait toujours bizarre. Ca me relance sur la question de Dieu, sur la question d’un au delà. Et je me rappelle que Rico ne s’était pas moqué quand j’avais passé la charrue pour la première fois. Il est loin le temps où on taillait sur nos parcelles voisines. Alors ciao Rico, et fais la bise à ton papa, le Bichon et à tous les autres. J’espère qu’il y a un Dieu qui prendra soin des gens que j’aime bien, des gens que j’aime. Je l’espère sincèrement. C’est bien naïf mais ça me rassure de savoir qu’il y aura quelqu’un derrière la porte au bout du tunnel de lumière. Mais je sais que je suis ce genre de mec où comme d’habitude, je vais arriver au moment du café, et je vais devoir poireauter dans le doute. Ou que ça fasse comme au lycée, je trouvais jamais le même résultat que les voisins. Je suis en doute complet. Mais depuis longtemps. Je repense à cet ange qui est revenu trois fois dans la nuit pour remettre la pêche à Elie. Champion de ma rue, je vais défendre un titre qui n’existe pas, à l’étranger. Les tatouages, la musculation et la barbe ne font pas l’homme. Ce serait trop simple. Et arrêtez cette manie d’enlever le t-shirt avant une bagarre, si tu tombes dans le gravier tu vas te faire mal. La nuit dernière j’arrivais pas à dormir, et je me suis senti happé par un gouffre, un vide. Je me suis mis à avoir peur. Des questions existentielles sur ma vie, sur mes vignes, comment j’allais vieillir, comment j’allais mourir, qu’est-ce que j’allais accomplir, dans quel but, à qui j’avais pu faire du mal, qui j’avais pu blesser avec les mots volontairement ou involontairement. Ce que j’aurais pu devenir si j’avais fait tel ou tel choix, si j’étais né là plutôt qu’ici. Je me suis dit que j’aurais aimé être un gros con cupide et abruti, pour ne pas se poser ce genre de questions dans la nuit. Et je me suis dit que j’étais surement le gros con de quelqu’un. Ca m’a rassuré. Je me suis mis à lire des articles, des études, et j’ai lu ça et son contraire. Du coup je doute encore de ce que j’ai lu. J’ai remarqué que certains ou certaines aiment s’approprier les victoires des autres et leurs récompenses, idem pour les deuils. A tous les bien pensants, parfaits en tout. Je ne leur lève pas mon verre. Ah si seulement je fumais, je tirerais à fond sur ma gauloise et je soufflerais ma fumée sur vos gueules. Mais tout ça j’ai déjà dit. A l’inverse je le lève pour les fois où j’ai manqué et je manquerai de science, où mon ignorance m’a parfois sauvé la mise, pour les fois où je me suis foutu la honte mais que tellement niais et dans mon monde, je ne m’en suis pas rendu compte. Pour les fois où j’ai fait des colliers de perles aux cochons. Mais pardonnez moi les fois où j’ai été con.
En attendant, dans mon coeur j’applaudis à deux mains, de joie. Et je suis trop content qu’on se voit demain. Mon ciel est couleur pastel, et je me dis que j’ai le temps de me demander, quand je serai vieux. Il y a tout le reste avant. De Montmelas à Montréal il n’y a qu’un gros pas, en moonwalk jusqu’à New York, Boston, Bordeaux, Paris, Berlin. Il parait qu’on les fait rire, dis leur qu’on a pas vraiment le temps et qu’on peut mourir, de rire. Ça fera pour les fois où j’ai vendu mon vin en vrac à 40€ l’hectolitre, pour le banquier et les fournisseurs qui m’avaient pris pour un pitre, ou une actrice de uq.
Je continue de rouler à fond pas vite,
d’abuser de vin avec modération.
Les fenêtres ouvertes et la musique à fond.
Mes doutes en sourdine.
Je t’aurais bien raconté le voyage,
l’avion,
la hauteur des buildings…
Allez ciao Rico, la bise à Bichon.
MAIN INGREDIENTS – Your Love thrills me