NAZARETH 2013 Beaujolais
03h30
Je rêve que des importateurs débarquent pour déguster mes vins.
Malheureusement, je ne retrouve rien, que des vieux millésimes dans des bouteilles de toutes les sortes, bouchées à la main, comme après un pique nique…
Je cours au ralenti pour répondre au téléphone, j’arrive pas à enlever mon pull Tortues Ninjas. Mon téléphone est filaire et je vois débouler Pierre Messmer et Charles de Gaulle en 205.
7h
Je termine mon café. J’ai la bougeotte, mon pied s’agite tout seul.
Le café c’est un « commerce équitable »,
pour me rassurer il y a le portrait d’une vieille dame mexicaine.
Elle a de beaux traits,
elle sourit,
ses rides sont plissées en accordéon.
Je vais préparer la mise en bouteille, aujourd’hui c’est NAZARETH.
10h
C’est à partir de là que tout s’accélère,
Nico arrive,
on mange un bout,
on se goûte un Savigny,
on met en quilles,
on bouchonne,
on discute,
le padré en chef d’orchestre,
on rigole,
on est sérieux,
on rigole,
on est sérieux.
Et tchic et tchac
et cric crac
et anorak.
21h
Le soir, pas de bla bla.
Avec Nico on part regarder ma future vigne en Cote de Brouilly,
on fait un tour dans les blancs,
au sommet,
au summum.
On claque deux pizzas, un Morgon « Archambault » de chez Chopin et vogue la galère,
on plie les gaules,
on part pique niquer dans les vignes, mes rouges…
Mes rouges qui souffrent et qui se sont fait gifler par la grêle.
Allez on s’en bat les steaks,
on se met bien, assis dans l’herbe,
accompagnés de nos potos les bourdons.
La veille
J’ai répondu à la presse avec un t shirt Dragon Ball Z.
Si j’avais pu mettre autre chose?
Oui
mais non.
C’est un article qui sortira en aout, pour le patriote Beaujolais et ça fait plaisir!
Le lendemain entre 7h du matin et 20h30 du resoi
Je coupe de l’herbe dans les vignes.
Les pollens volent,
j’ai un pif on dirait ta tête.
« T’avais qu’à te protéger! »
Oui mais vous savez bien que je suis un grand sensible.
Et je coupe
et je coupe
et je coupe
et je coupe
et je coupe…
21h
Je reprends la route parce que j’ai un rendez-vous sur Valence.
Je réfléchis.
Pas simple de s’installer en bio…
Les gens ont peur,
c’est contagieux,
la peur.
J’ai un entretien OVNI pour être chef de culture, mais loin.
Salut je suis chef de culture loin!
-ok!
A Lyon et ailleurs les démons s’agitent.
Y’a un mec dans le village d’à côté qui se tapait lui-même et se tirait les cheveux…
Comme ça … En mode auto patate
Quand je prends Fourvière dans un sens ou dans l’autre,
sur ma gauche j’ai la fête forraine,
la foire aux fantômes
la mendicité et la prostitution.
De l’autre côté de la berge,
les bourges font leur jogg
et des petits tours en barque.
Des fois votre peur est contagieuse, j’en ai dans le col de ma chemise.
Et je me rappelle un truc,
« Que les deux armées préparent les chevaux au combat, mais que c’est Dieu qui donne la victoire »
Quand ça veut passer, ça passe.
23h
Je me gare dans la night,
je suis à la casa,
je me faufile en mode « Tenchu » jusqu’à la salle de bain.
23h30
J’enfile mon pull tortues ninjas,
Je bois un Echezeaux avec Nico et de Gaulle.
Je claque un château Pavie avec Messmer et Tortue géniale.
Et on est tous d’accord pour dire que dans le monde du vin,
ça se fait beaucoup de vent sur la zigounette.
Et que si ta vie s’arrête au bout de mon sabre,
elle a commencé au bout d’un ch*bre
Je termine mon café. J’ai la bougeotte, mon pied s’agite tout seul.
Le café c’est un « commerce équitable » et il se transforme en vin…
Je n’ai plus de vignes et j’ai peur.
Pour me rassurer il y a mon portrait sur des bouteilles de vins.
J’ai de beaux traits,
Je souri,
mes rides sont plissées en accordéon.
NAZARETH 2013
à boire en écoutant:
Homecoming de Kanye West
Take yo’ praise de Camille Yarbrough
My Green de The Left et Apollo Brown
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Note de dégustation de votre sommelier:
Sincèrement séducteur et brutal, Nazareth 2013 n’est ni filtré ni collé.
A l’image d’un middle kick dans les cotes en attaque,
il enchaine sur un coup de coude retourné dans l’arcade des préjugés,
il provoque une sensation confiture de ma grand-mère en bouche,
Un Tannin, tel un rouleau de soie posé sur l’épaule d’un canut,
pour finir sur des cris de joie et des bras en l’air,
ceux de la victoire, ceux de l’amour.